Le Roi Carotte est un opéra-bouffe–féerie en quatre actes et dix-neuf tableaux de Jacques Offenbach et Victorien Sardou, créé au théâtre de la Gaîté le 15 janvier 1872.
Créé au moment de la vogue de la féerie, Le Roi Carotte est la première collaboration de Jacques Offenbach avec Victorien Sardou. Il rencontre le succès à Paris et reste à l’affiche durant 195 représentations.
Les moyens techniques nécessaires, et les six heures de spectacle, expliquent probablement que l’œuvre n’ait jamais été reprise à Paris. La version « opérette féerique » a été reprise à l’Opéra de Lyon du 15 décembre 2015 au 1er janvier 2016.
Musica Lyrica présente une version allégée (1h30) de l’œuvre.
Personnages
- Le prince Fridolin XXIV (ténor)
- La princesse Cunégonde, sa promise (soprano)
- Robin-Luron, génie (mezzo)
- Rosée du soir (soprano)
- La sorcière Coloquinte (mezzo)
- Le roi Carotte (ténor)
- Pipertrunck, chef de la police
- Truck, grand nécromancien
- Quiribibi, enchanteur
- Le baron Koffre, grand caissier du royaume
- Le comte Schopp, conseiller
- Le feld-maréchal Trac, ministre des batailles
Argument
Acte 1
Premier tableau
La brasserie
Accompagné de ses ministres, le prince Fridolin visite incognito son royaume. Frivole et entouré de ministres incapables, il s’apprête à épouser la princesse Cunégonde, à qui est promise une belle dot qui lui permettra d’éviter la banqueroute. Alors qu’il s’installe dans une brasserie où des étudiants fêtent les revenus de début de mois, Robin-Luron, un génie, apparaît sous le costume d’un étudiant. Il offre au prince Fridolin une somme importante pour les vieilles armures conservées au château. Fridolin accepte sans discuter. Robin-Luron lui annonce l’arrivée de sa future, elle aussi incognito, qui se présente sous les traits d’une bonne amie. Devant la description que Fridolin fait de lui-même, la princesse Cunégonde accepte le mariage et se dirige vers le palais. Pour enterrer sa vie de garçon, Fridolin invite les étudiants à prendre le punch au vieux palais, dans la salle des armures.
Deuxième tableau
Rosée-du-Soir
Dans le grenier d’une tour du vieux palais, la princesse Rosée-du-Soir rêve au prince Fridolin qu’elle aperçoit de temps en temps par sa fenêtre. Elle est retenue prisonnière depuis dix ans par la sorcière Coloquinte qui l’a réduite en esclavage. Le génie Robin-Luron entre miraculeusement dans la pièce et lui donne un « petit peloton de soie » qui lui permet d’échapper à sa captivité. La sorcière Coloquinte entre chez sa victime et tombe nez-à-nez avec Robin-Luron. La baguette magique de la sorcière Coloquinte a été confisquée, à la demande du père de Fridolin, pour dix années. Aujourd’hui l’enchantement se termine et elle compte bien se venger sur le fils de l’ancien souverain. Robin-Luron et Coloquinte se mettent d’accord : elle détrônera ce prince « paresseux, léger, libertin », mais Robin-Luron prévoit déjà que ce sera « pour son bien ».
[Version en trois actes. D’ailleurs, il y travaille déjà puisque la prédiction annonçant la chute du souverain est en train de se réaliser. À la suite de leur départ forcé, les armures s’insurgent : « Tremblez de voir nos ombres vengeresses se ranimer pour vous broyer les os ».]
Restée seule, la princesse Rosée-du-Soir s’échappe de sa prison.
Troisième tableau
Les armures (normalement que dans la version en 3 actes, donc pas pour nous)
Les étudiants accompagnés de Fridolin, Robin-Luron, Truck et Pipertrunck entrent dans la salle des armures et, alors qu’ils boivent leurs punchs en se moquant des armures, « les gueules des casques s’ouvrent » et invectivent Fridolin et les étudiants qui s’enfuient affolés.
Quatrième tableau
Les conjurations de Coloquinte
Alors que Fridolin, Truck et Pipertrunck fuient à travers le jardin du palais. Coloquinte lève sa baguette sur le potager et donne vie aux carottes, radis, betteraves et navets…
Le Roi Carotte
Dans les jardins de la résidence, la cour reçoit la princesse Cunégonde. Elle s’impatiente de devoir attendre son futur époux. Quand il se présente, il lui propose de danser une valse. Alors qu’ils s’y apprêtent, des étrangers sont annoncés : il s’agit du Roi Carotte et de sa cour, accompagnés par la sorcière Coloquinte. La cour de Fridolin se moque de ce roi, et de sa cour de navets, betteraves, radis noirs et radis roses, aux allures ridicules. Sur un geste de Coloquinte, toute la cour trouve ce nouveau roi charmant. Seul Fridolin n’y est pas sensible et devient hystérique quand la cour lui reproche le bâillement, le doigt dans le nez, l’éternuement, et enfin l’ivrognerie du Roi Carotte. Alors que Fridolin lève son sabre sur le nouveau roi, la cour le chasse du palais. Ce départ est accompagné par les armures qui tonnent : « Fuis ce palais qui va changer de maître et porte ailleurs tes pas maudits ! ». Fridolin fuit, accompagné de Robin-Luron et de Truck.
Acte II
Premier tableau
La Farandole
Dans une cour d’hôtellerie, les jardiniers fêtent le nouveau roi. Fridolin, Robin-Luron et Truck entrent déguisés car la tête de l’ancien monarque est mise à prix. Rosée-du-Soir les rejoint sous les habits de page : par amour, elle vient se mettre aux ordres de Fridolin. Ils s’enfuient à l’arrivée des ministres Koffre, Pipertrunck, Trac et des soldats qui viennent l’arrêter. Robin-Luron les contient en envoûtant des objets et une farandole enragée leur barre le passage plusieurs fois. Les assaillants fuient à l’exception de Pipertrunck qui rejoint le camp de Fridolin qu’il pense « le plus fort ».
Deuxième tableau et Quatrième tableau
Quiribibi
Robin-Luron les emmène chez l’enchanteur Quiribibi. Après avoir consulté ses grimoires, Quiribibi leur donne la solution, il faut qu’ils utilisent le « talisman des talismans » : « l’Anneau de Salomon » qui se trouve à Pompéi, dans les mains d’un soldat romain, « qui s’en était emparé à la prise de Jérusalem » et qui a eu « la fatale idée de s’arrêter à Pompéi, le jour même de l’éruption ». Pour y aller, Quiribibi leur cède « une petite lampe antique qui vient de Pompéi même » et qui est magique. Les cinq aventuriers formulent leur vœu.
Troisième tableau et Cinquième tableau
Les ruines
Ils se retrouvent à Pompéi, au milieu des ruines. Après avoir admiré ces « débris dont l’aspect [les] transporte aux grands jours d’un peuple effacé », Robin-Luron prend conscience qu’il faut qu’ils aillent dans la ville « telle qu’elle était le matin même où le Vésuve l’engloutit sous les cendres !… ». Ils demandent à la lampe à voir « la Pompéi d’autrefois !… florissante de vie ! ».
Quatrième tableau et Sixième tableau
Pompéi
Sous leurs yeux, le décor se transforme, la ville prend vie, la lampe magique disparaît. Fridolin, Robin-Luron, Rosée-du-Soir, Truck et Pipertrunck sont alpagués par les passants qui ne peuvent croire à l’existence des chemins de fer. Le ton monte entre les deux camps et, alors que les « modernes » s’emparent de l’anneau de fer, Fridolin invoque le « Djinn de Salomon » pour échapper à la colère des pompéiens. Un djinn les emporte vers le ciel tandis que le Vésuve commence son éruption.
Acte III
Premier tableau et Septième tableau
L’anneau de Salomon
De son côté, le Roi Carotte mène à la baguette ses ministres et la cour. Robin-Luron, Rosée-du-Soir, Truck et Pipertrunck se présentent sous le déguisement de colporteurs. Ils lui présentent une étoffe qui n’est « visible que pour les honnêtes gens ». Chaque conseiller et le Roi Carotte comprennent bien pourquoi ils ne voient Koffre qu’en caleçon, même s’ils feignent tous de voir un costume ravissant. Cunégonde entre alors et prévient le Roi Carotte que son rival Fridolin est revenu prendre sa place : le Roi Carotte s’épouvante, demande d’abdiquer, et s’enfuit avec sa cour. Fridolin, seul, entre grâce à l’anneau magique : caché sous l’apparence d’un oiseau, il a pu admirer la princesse Cunégonde. Elle entre et lui déclare son amour. Fridolin, dans sa candeur, lui prête l’anneau magique dont elle s’empare en appelant la sorcière Coloquinte. La sorcière jette un sort sur le prince que Robin-Luron, arrivé opportunément, dévie : Fridolin est envoyé au loin.
Deuxième tableau
Le trèfle à quatre feuilles
Rosée-du-Soir et Robin-Luron se retrouvent dans une forêt sombre. Robin-Luron offre un trèfle à quatre feuilles à Rosée-du-Soir. Il lui permet d’accomplir quatre vœux – et même un cinquième, mais il la tuerait. Rosée-du-Soir forme son premier vœu qui est d’aller chez les Fourmis où Fridolin a été conduit par Robin-Luron pour y « profiter des leçons qu’il y trouve ».
Troisième tableau
Les Fourmis
Dans la fourmilière souterraine, les fourmis ont capturé Fridolin et Truck. Elles les délivrent à la demande de Robin-Luron et de Rosée-du-Soir.
Quatrième tableau et Huitième tableau
Les Insectes
C’est la fête du printemps, tous les insectes défilent.
[Version en quatre actes. À la fin du défilé, Coloquinte apparaît. Elle est capturée par les abeilles qui promettent aux quatre fugitifs de la garder « le plus longtemps possible ». Ils empruntent le char ailé de la reine des abeilles pour fuir vers l’Île des Singes.]
[Version en trois actes. À la fin du défilé, la reine des abeilles les invite dans son char ailé pour les ramener à Krokodyne.]
Acte IV
Premier tableau
Les Singes
Dans la forêt vierge, Fridolin et Rosée-du-Soir ont échoué de leur côté. Elle a utilisé une feuille de son trèfle pour sauver Fridolin et les autres naufragés. Fridolin lui déclare sa flamme. De son côté, Truck a atterri au milieu d’un groupe de singes dont il ne se débarrasse qu’à grands cris. Robin-Luron leur explique alors la raison de cette escale : ils doivent capturer le Roi des singes pour chasser le Roi Carotte : après quelques mésaventures, ils parviennent à enfermer le Roi des singes dans une malle.
Deuxième tableau
Le Désert
Tout à coup, la sorcière Coloquinte transforme le paysage en désert. De leur côté, Fridolin et Rosée-du-Soir sont assoiffés, la sorcière Coloquinte les pétrifie tous les deux. Ils retrouvent heureusement la vie grâce au Roi des singes. Ils partent tous les cinq pour Krokodyne.
Troisième tableau et Neuvième tableau
Une salle du Palais de Carotte
Dans le palais, c’est le désarroi : le Roi Carotte, apeuré, a perdu tout son prestige. Le peuple grogne. Les ministres proposent de montrer le roi au peuple.
Quatrième tableau et Dixième tableau
La révolte
Dans la rue, le peuple grogne : les prix ont augmenté, les finances sont en déroute et les impôts de plus en plus lourds. Fridolin, Robin-Luron, Rosée-du-Soir et Truck reviennent, déguisés en musiciens ambulants, et observent. La police tente dans un premier temps d’arrêter les manifestants, puis elle se joint à eux accompagnée de l’armée et des ministres. Fridolin est acclamé par la foule qui s’insurge contre le Roi Carotte.
[Version en trois actes. Ce dernier abdique, il est terrassé par Robin-Luron et reprend la forme d’une carotte.]
Cinquième tableau
Le potager
Alors que le Roi Carotte demande à Coloquinte d’abdiquer, Rosée-du-Soir s’apprête à utiliser son cinquième vœu et à se sacrifier pour Fridolin. C’est à ce moment-là que le Roi des singes arrache le plumet du Roi Carotte qui tombe terrassé et reprend la forme d’une carotte.
Sixième tableau et Onzième tableau
Le triomphe de Fridolin
Le peuple est enthousiaste, Fridolin demande la main de Rosée-du-Soir et renvoie la princesse Cunégonde chez son père.